« Solutions fondées sur la nature » : de quoi parle-t-on exactement ?
Les « solutions fondées sur la nature » désignent depuis les années 2010 les projets et initiatives qui cherchent à bénéficier à la fois à la biodiversité et au bien-être des sociétés humaines.
Elles font appel à la nature dans les projets d’aménagement, qu’ils soient urbains, périurbains ou ruraux, tout en assurant la préservation ou la restauration de la biodiversité.
Une gestion adaptée des forêts soutiendra par exemple la sécurité alimentaire et énergétique, en même temps qu’elle préservera les écosystèmes.
Dans l’objectif d’une transition écologique vers la durabilité, concilier aménagement et environnement représente désormais un enjeu majeur pour les collectivités.
Préserver, améliorer, restaurer
Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) – organisatrice du Congrès mondial de la nature qui se tient à Marseille en ce mois de septembre 2021 et qui a défini ce concept – ces « solutions » peuvent correspondre à trois types d’actions.
La préservation d’écosystèmes fonctionnels et en bon état écologique ; l’amélioration de la gestion d’écosystèmes afin qu’ils répondent à des objectifs de développement durable ; la restauration d’écosystèmes dégradés ou la création d’écosystèmes.
Les solutions fondées sur la nature reprennent différents concepts existants, comme celui du génie végétal par exemple, qui déploie des techniques de plantation, d’ensemencement et de bouturage pour notamment dépolluer des sols et restaurer la biodiversité sur des sites dégradés.
Citons également les « infrastructures vertes » – boisements le long des cours d’eau ou des routes – ou encore la « nature en ville », qui mobilise les plantations d’arbres ou la création d’îlots de fraîcheur végétaux.
Un champ d’application très vaste
Les « solutions fondées sur la nature » doivent s’appuyer sur le fonctionnement des écosystèmes et s’appliquer à des échelles spatio-temporelles cohérentes en associant l’ensemble des acteurs.
Elles cherchent à concilier des enjeux locaux – comme la protection d’une maison contre un risque naturel – et globaux – la préservation de la ressource en eau sur un bassin versant par exemple.
Le champ d’application de ces initiatives est vaste : réduction des risques naturels, préservation de la santé humaine, approvisionnement en eau, sécurité alimentaire (avec l’agroécologie par exemple), développement socio-économique (avec l’économie circulaire), ou bien encore lutte et adaptation vis-à-vis du changement climatique.
L’enjeu de la formation des acteurs
La montée en puissance des solutions fondées sur la nature est aujourd’hui l’affaire de tous, comme l’illustre le projet ARTISAN, dont le but principal est de démontrer et valoriser le potentiel des « solutions fondées sur la nature » à l’aide d’un programme démonstrateur occupant dix sites pilotes. Il s’agit de sensibiliser et former les différents acteurs pour développer les projets sur le territoire national, en Outre-mer notamment.
Le développement économique et social ne peut plus se faire dans l’ignorance de la composante naturelle des milieux. Inversement, la protection des milieux naturels ne peut entraver le développement. La nature offre une multiplicité de richesses sur lesquelles s’appuyer pour envisager de concilier ces différents impératifs comme le proposent ces « solutions fondées sur la nature ».
Par Freddy Rey, Directeur de recherche en écologie ingénieriale, Irstea
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.